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L’armée des morts

Les Exéäs avaient vieilli de deux ans dans les six dernières semaines, ressemblant désormais à des enfants de sept ou huit ans. Ils ne s’étaient nullement assagis, devenant même de plus en plus difficiles à contenir. Mitchel profitait de la moindre occasion pour torturer des animaux magiquement importés au château, pour défier les archers et les gardiens au combat malgré son jeune âge ou encore pour incendier les charrettes des commerçants de passage. Mais c’est Menise qui inquiétait davantage Nogan et Mélijna. Ses crises de possession par une entité étrangère se faisaient de plus en plus fréquentes, entraînant de graves blessures et semant la mort dans leur sillage. Deux gardiens avaient subi des lacérations et des brûlures, un autre avait perdu la vie par noyade et trois archers étaient toujours à l’infirmerie, dans un état critique. Toutefois, la gamine s’en prenait uniquement aux défenseurs du domaine, jamais aux autres employés. Pour l’instant, du moins.

La sorcière s’obligea à chasser les Exéäs de ses pensées, leur père y compris. Elle avait eu beau se creuser les méninges au sujet de Roderick, elle n’avait pas obtenu de réponse satisfaisante. Pas plus qu’elle n’avait réussi à savoir qui habitait le corps de Menise. Son ravel et ses traqueurs n’avaient pas non plus donné le moindre signe de vie depuis des semaines, mais elle ne désespérait pas.

Mélijna reprit donc le livre qu’elle avait déposé sur sa table de travail moins d’une heure plus tôt. Ce dernier contenait des récits d’aventures ayant donné naissance à plusieurs des mythes et des légendes de l’univers de Darius. La sorcière ne conservait aucun bouquin de ce genre dans son antre et avait dû parcourir les rayonnages de la bibliothèque du château pour mettre la main sur celui-ci. Elle s’était souvenue que Nathias adorait ce genre de littérature, mais ces écrits étaient encore plus rares que les nymphes sur la Terre des Anciens. Le père adoptif d’Alejandre avait pourtant une collection enviable de journaux rédigés par des seigneurs partis à la guerre et revenus avec pour seul bagage des récits abracadabrants de leur périple. La plupart des nobles savaient lire et écrire, ce qui représentait une chance pour les recherches actuelles de Mélijna. Toutefois, ce qui avait le plus aidé la sorcière à mettre la main sur le présent bouquin, c’était les journaux de Nathias lui-même. L’un de ses nombreux carnets contenait une liste non exhaustive des documents, classés par catégories. La cité de Ramchad avait sa propre série de sires en quête de sensations fortes, d’où le recueil qu’elle avait sous la main.

Celui dont elle lisait les exploits se nommait Amuel et avait vécu quelque cent ans après Mévérick. Il racontait avoir traversé mille et une embûches avant de parvenir enfin en vue de la légendaire cité. Il espérait non pas y voler les richesses déposées par les adorateurs de Darius, mais plutôt s’emparer des pièces de monnaie encastrées dans la frise de la bibliothèque. Dans quel but ? Profiter de la légende racontant que chacune de ces pièces conduisait immanquablement son porteur à la cité perdue. Il comptait revendre la monnaie à l’effigie du grand Sage à prix d’or. Il était convaincu que les pièces n’étaient pas partie prenante des richesses maudites qui entraînaient la mort de ceux qui s’essayaient à les voler puisqu’elles n’avaient pas été apportées à la ville, mais fabriquées sur place. Il n’avait pas tort puisqu’il était effectivement revenu avec une pièce sans trouver la mort ; il était décédé bien plus tard, de vieillesse. S’il n’avait rapporté qu’un bien maigre butin, c’était simplement parce qu’il n’avait pu arracher plus d’une pièce à la frise décorative ; les autres, malgré près d’un mois d’efforts soutenus, étaient restées obstinément à leur place. Ce n’était pas le chemin menant à Ramchad qui intéressait Mélijna, mais plutôt la portion du récit qui parlait du retour des troupes du sire Amuel.

Déçu, mais trop superstitieux pour s’emparer, comme ses hommes, d’une partie des trésors de la ville, le sire avait quitté Ramchad quasiment bredouille. Derrière lui, une trentaine d’hommes, dont les montures ployaient sous le poids de leur larcin, affichaient une mine réjouie. Et c’est là que ça devenait intéressant :

 

« Nous avions à peine franchi une centaine de mètres que des hurlements me firent me retourner sur une vision d’horreur qui me hanterait pour toujours. Les chevaux de tous ceux qui m’accompagnaient s’enfonçaient lentement dans les sables du désert, emportant avec eux les sacs de toile pleins à craquer. Les hommes sautèrent de selle et, impuissants à secourir les bêtes comme le butin, tentèrent de fuir les sables mouvants. Peine perdue. Tandis que je regardais avec une fascination morbide la cité reprendre ses possessions et punir les voleurs, le sable sous mes pieds demeurait indubitablement dur. Pourtant, à moins d’un mètre, l’un de mes hommes disparaissait, lentement mais sûrement, dans un terrifiant spectacle.

Je m’ébrouai, m’obligeant à reprendre contact avec la réalité. En levant les yeux, je vis une centaine de sylphes et de sylphides – créatures relevant elles aussi de la légende – debout sur les remparts. Ils m’observaient, mais aucun ne fit le moindre geste pour mettre un terme à mon existence. Puis le vent se leva, probablement à la demande des élémentaux de l’air. Je savais que j’aurais dû partir à ce moment précis, mais une étrange intuition me retint et je demeurai sur place, sans même bouger un cil. Bientôt, le vent balaya le sable tout autour de la cité - et uniquement autour de celle-ci – d’une façon bien étrange que je n’ai plus jamais observée par la suite. C’était comme s’il enlevait puis replaçait, dans un ballet macabre, les couches de sédiments qui recouvraient les tombes des milliers de pilleurs du passé. Tout au long de ce manège, je vis apparaître, puis disparaître, des hommes et des créatures non seulement de toutes les époques de la Terre des Anciens, mais de tous les mondes parallèles également. Ce n’étaient pas des squelettes que je pouvais ainsi observer, mais plutôt des corps desséchés, la majorité encore habillés et une arme à la main. Et alors que je m’apprêtais à tourner le dos à la scène, croyant avoir tout vu, une dizaine de ces corps bougèrent à l’unisson pour me saluer comme on le ferait pour un commandant d’armée. Je déguerpis sans demander mon reste ».

 

Les dernières phrases valaient tous les trésors du monde pour Mélijna qui se voyait déjà réaliser son vœu le plus cher ; avec cette armée, elle pourrait anéantir à tout jamais la confrérie des Filles de Lune et régner ensuite sur l’univers de Darius. Quelle belle vengeance en perspective pour cette femme qui attendait depuis plus de quatre cents ans déjà…

 

* *

*

 

Faisant preuve d’une redoutable efficacité, Hémélinie et Séléna avaient retrouvé plus de vingt-cinq médaillons de Filles de Lune dispersés sur le territoire de la Terre des Anciens. Elles avaient ensuite travaillé d’arrache-pied pour les faire renaître dans un délai relativement court. Six semaines d’efforts avaient été pleinement récompensées quand les nouveaux spectres avaient rejoint le repaire de Morgana pour discuter de l’avenir. Pendant ce temps, Séléna et Hémélinie avaient repris leur recherche dans le but de trouver la quinzaine de pendentifs encore manquants.

La Recluse avait été chargée d’expliquer aux spectres les raisons de cet engouement soudain pour eux et de s’assurer que chacune des Filles Lunaires ressuscitées souhaitait participer à la défense de l’univers de Darius, ainsi qu’à la défaite de Saül. À l’image de Miranda, elles ne désiraient pas toutes s’impliquer dans cette nouvelle bataille même si leurs actes passés témoignaient de leur dévouement envers leur patrie, et de leur valeur exceptionnelle. Comme Morgana ne pouvait forcer personne à coopérer, elle laissa partir, à regret, quatre spectres heureusement parmi les moins puissants. Des vingt et un qui restèrent, elle s’appliqua à découvrir les forces et les faiblesses afin d’utiliser à son maximum le potentiel disponible.

 

* *

*

 

Maëlle avait finalement réuni tout ce que Majoric avait exigé pour communiquer avec Samalya, l’oracle des géants. Au cours des longues semaines nécessaires à cette pénible recherche, elle avait dû tromper la vigilance de Morgana des dizaines de fois et braver par deux fois l’interdiction de quitter la caverne – heureusement sans conséquences –, mais elle s’était sentie revivre en pensant qu’elle pourrait peut-être bientôt fuir ce monde qui l’avait amèrement déçue et retrouver un univers qui lui ressemblait davantage.

Le grand jour était enfin venu. Bien que la Recluse lui eût présenté les spectres nouvellement formés, ceux-ci n’avaient accordé à Maëlle qu’une attention limitée. Ils s’étaient rapidement détournés de cette Fille de Lune sans intérêt. Il faut dire que la jeune femme n’avait rien fait pour épater qui que ce soit, rechignant devant chaque tâche que lui confiait Morgana et refusant même de se joindre au groupe pour se perfectionner et apprendre au contact de ces femmes exceptionnelles. Son désir de partir était devenu une obsession.

Dans une cellule temporelle fraîchement créée, elle ouvrit le grimoire et Majoric fit son apparition.

— Tu en as mis du temps, grommela l’esprit qui prenait goût à ces sorties de plus en plus fréquentes.

— Si cette potion n’avait pas été aussi compliquée, il m’aurait fallu dix fois moins de temps, répliqua Maëlle, nerveuse.

La Fille de Lune craignait de ne pas être à la hauteur du défi qu’elle s’était lancé.

Avec application, elle lut les directives et prit soin de les respecter à la lettre. Elle eut besoin de huit longues heures de vigilance et de concentration avant de pouvoir enfin laisser tomber le dernier ingrédient dans le petit chaudron de cuivre. Elle devait maintenant attendre que l’évaporation fasse son œuvre et qu’il ne reste que la moitié du mélange d’origine. Elle y ajouterait alors la carafe d’eau croupie qu’elle avait mise de côté.

Une heure plus tard, elle versa lentement le liquide verdâtre dans la potion. Satisfaite, elle vit s’élever une série de volutes ayant le même aspect lustré que le contenant d’où elles s’échappaient. Elle récita alors une longue incantation, prenant bien soin d’articuler lentement chacun des mots parce que la langue des géants n’était pas sa langue maternelle et qu’elle éprouvait de la difficulté à la parler correctement. Elle demanda ensuite à rencontrer Samalya. Une fois sa requête formulée, elle patienta.

Cinq minutes s’égrenèrent à la vitesse d’un siècle entier avant que l’oracle fasse son apparition à la surface du bouillon devenu nauséabond. Elle ne cacha pas sa surprise à la vue de Maëlle.

— Depuis quand es-tu capable d’utiliser ce mode de communication ? s’étonna-t-elle.

— Depuis que je suis à la recherche du meilleur moyen pour rentrer à la maison.

La Fille de Lune contenait à grand peine le sanglot qu’elle avait senti monter dans sa gorge à la vue de son amie. En quelques mots, elle raconta son calvaire à Samalya, lui demandant comment procéder pour revenir sur Golia sans mourir en chemin.

— Il te faudra attendre la journée précédant la prochaine pleine lune. C’est la première chose à faire pour t’assurer un minimum de sécurité. Tu devras aussi utiliser l’autre passage, celui dont nous avions parlé toutes les deux avant ton départ. Peu de gens connaissent son existence et le secret pour y accéder, ce qui devrait te permettre de gagner un temps précieux.

— Est-ce que tu peux prévenir les Anciens ? Pour qu’ils m’attendent à mon arrivée. Je ne veux pas retourner seule au village, j’ai trop peur de…

— Mais tu n’auras qu’à te déplacer magiquement. C’est quelque chose que tu pratiques depuis ta plus tendre enfance, et les pouvoirs que tu as reçus te permettent maintenant de le faire avec encore plus de facilité. Je ne comprends pas…

— Je ne veux plus utiliser la magie. Dès que je poserai les pieds sur Golia, je renoncerai à tous mes pouvoirs, même les plus extraordinaires, en échange d’une vie loin de la Terre des Anciens et à l’abri de Mélijna. Je ne suis pas faite pour cette vie à laquelle Alana me destine et je refuse qu’on me l’impose.

— As-tu transmis le message des dieux à Kaïn ? s’enquit Samalya, espérant ainsi ramener la jeune femme à la raison en lui faisant comprendre l’importance de ce qu’elle était et de la mission qu’on lui avait confiée.

— À Kaïn, non, mais je suis convaincue qu’il le recevra puisque Morgana est au courant. Ne t’inquiète pas pour ça.

— Comment veux-tu que je ne m’inquiète pas, Maëlle ? Tu me contactes sans prévenir, tu exiges de revenir en arguant que tu refuses de te plier aux exigences de ton destin, tu m’annonces que ta mère n’est plus – Alana ait son âme – et tout ça, sans même que tu aies accompli ce pour quoi tu étais partie. Je ne crois pas que tu aies saisi l’importance de ton rôle.

— Crois-moi, Samalya, j’ai très bien saisi et c’est justement pourquoi je ne l’accepte pas. Les Anciens et toi avez vu en moi bien plus que la vulgaire messagère que je suis en réalité et vous avez fait fausse route. Je veux reprendre mon identité première, rien de plus. Et si jamais le message ne se rend pas, et bien, vous n’aurez qu’à trouver une nouvelle Fille de Lune pour le livrer. Il doit bien en rester une autre que moi sur Golia !

Dans le liquide ridé par l’action de la chaleur, le visage de Samalya montra clairement sa désapprobation. La géante devait pourtant s’avouer que ce résultat était prévisible. Résignée, mais craignant surtout que la Fille de Lune ne fasse encore davantage de bêtises si elle ne revenait pas, Samalya réitéra sa consigne d’attendre la journée précédant la prochaine pleine lune en plus de rappeler l’emplacement du second passage. Elle souhaita finalement « Bonne chance » à Maëlle du bout des lèvres. Elle ne prit même pas la peine d’expliquer à la jeune femme qu’elle ne pourrait regagner son village que par magie même si elle s’y refusait ; le passage par lequel elle reviendrait n’étant accessible que de cette façon. En ce moment, l’oracle se demandait surtout si elle reverrait jamais la Fille de Lune…

 

* *

*

 

Les retrouvailles entre Madox et sa mère avaient permis au Déüs de faire le plein d’une énergie nouvelle. Il était revenu au sein des troupes d’Alejandre débordant de confiance en l’avenir et convaincu que sa famille serait bientôt réunie dans un univers pacifique. Inutile de dire qu’il avait rapidement déchanté devant les ennuis qu’il rencontra.

Alors qu’il souhaitait que les hommes sous les ordres d’Alejandre meurent en grand nombre en affrontant les créatures rencontrées en chemin, c’était plutôt les mancius qui payaient le tribut le plus lourd depuis quatre semaines déjà. Les guérisseurs du sire de Canac éprouvaient davantage de difficulté à soigner les mutants que les humains. Le frère d’Alix prenait également un malin plaisir à achever tout individu, homme ou mancius, qui se voyait dans l’incapacité de poursuivre la route sans ralentir les troupes. Il permettait ainsi à ses pouvoirs de s’affûter, faisant craindre le pire à Madox, qui n’aimait pas la vitesse à laquelle Alejandre progressait. Seule note positive : les visites de Mélijna s’étant grandement espacées, la sorcière ne pouvait parfaire son enseignement. Les élémentaux du feu avaient également contribué à la chute du moral du Déüs, conversant de plus en plus fréquemment avec Alejandre au lieu de cheminer à l’écart, comme au début. Si cet imbécile parvenait à créer plus d’une alliance avec les salamandres, il pourrait s’approprier de nouveaux pouvoirs sur le feu ou les volcans, ce qui devait être évité à tout prix.

— Une autre mauvaise nouvelle à l’horizon, grommela Mayence en voyant Mélijna se diriger vers la tente d’Alejandre, un sourire triomphant aux lèvres.

Instantanément, Madox se dématérialisa. Il ignorait si Mélijna avait jamais su qui il était ou si elle pouvait détecter son aura particulière, mais il préférait ne pas prendre de chance. En étant invisible, il se savait protégé. Il profita de son anonymat pour s’approcher du campement, curieux de connaître la raison de cette bonne humeur soudaine de la sorcière.

— Tu as trouvé le moyen de lever l’armée des morts de Ramchad ! s’écriait Alejandre au moment où Madox arrivait.

Il tendit l’oreille, soucieux. Cela n’augurait rien de bon.

— Oui, mais comme je ne suis pas certaine de pouvoir être présente quand il sera nécessaire de réveiller ces soldats immortels, il me faut te confier la façon de le faire.

— Où seras-tu si tu n’es pas avec moi ? tonna Alejandre, qui s’inquiétait de moins en moins de provoquer la colère de son interlocutrice.

Il était loin le temps où il craignait Mélijna au point de ne jamais l’affronter. La sorcière ne goûtait guère cette nouvelle assurance. Une surdose de confiance en soi pouvait devenir une arme à double tranchant ; Alejandre risquait de l’apprendre à ses dépens s’il ne se dominait pas.

— Si tu n’es pas intéressé par ce que je viens te dire, je repars à l’instant, insinua Mélijna.

— Bon, bon, ça va, grommela Alejandre.

Il ne fallut pas plus d’une quinzaine de minutes à la sorcière pour tout expliquer.

— Prends bien garde de ne pas divulguer ces informations à qui que ce soit, termina Mélijna, car l’armée des morts ne peut avoir qu’un seul et unique commandant.

Madox se félicita d’avoir épié cette conversation. Il ne se priverait pas d’utiliser les renseignements qu’on venait de lui servir sur un plateau… Il lui fallait maintenant prévenir sa mère et Kaïn, de même qu’Alix et Naïla de l’existence de ce fléau.

 

Quête d'éternité
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